La « Gran' Viola », le « Quinton »
« Un instrument à 5 cordes, alto et violon réunis en un ?
Dès les premières notes jouées sur l’instrument commandé voici quelques années à Friedrich Alber, j’ai ressenti qu’il s’agissait là d’un tout nouvel instrument, différent de l’alto et du violon.
Qu’il ait plutôt la taille d’un alto, on peut le comprendre par la nécessité d’un plus grand volume pour faire sonner les graves ; première surprise, la rondeur et la brillance de la corde de mi (faite sur mesure par Savarez). Deuxième surprise, une seule corde en plus et autant de nouveaux repères à trouver ; grande homogénéité de son, équilibre des graves et des aigus, quelque chose de plus lisse qu’un alto...
Pourquoi commander cet instrument ? Le désir est venu de jouer cette magnifique 6e suite de Bach sans ces sauts d’octave qui sont toujours des compromis et rarement satisfaisants. Une octave au dessus de l’original mais le texte original peut enfin être respecté.
De Paganini : cette sonate pour la « Gran' Viola »
De ce concert, on retrouve trace de la Première à Londres interprétée par le compositeur – malheureusement, une des seules mauvaise critique d’un concert de Paganini.
Est-ce la raison pour laquelle il n’y a pas trace dans les ouvrages spécialisés consacrés à Paganini de la « gran' viola » qui était pourtant bien un alto à cinq cordes ?
J’ai eu le plaisir d’enregistrer les 2 sonates de Brahms avec cette « gran' viola » (à paraître chez Talent avec André de Groote au piano) en jouant les notes exactes de la
clarinette ; Brahms après tout n’était pas content de sa transcription pour alto
(dans le texte original, la sonate en fa mineur commence, par exemple, une octave en
dessus de la transcription).
Philippe Schoeller a écrit des incantations pour sextuor que nous avons enregistrer
récemment avec l’Ensemble Alternance. La partie d’alto demande de tels rapides
bariolages sur les quatre cordes dans l’aigu que cette cinquième corde m’a semblé très
approprié pour l’enregistrement.
Je ne peux qu’encourager les altistes d’essayer un alto à cinq cordes. C’est là un grand
enrichissement musical.
J’ai chez moi des partitions de Rogister, Casadesus, dans lesquelles le « quinton » a une
belle partie au sein de petits groupes instrumentaux.
Chaque siècle a vécu des flambées d’ouverture, désir de découvrir. Il ne tient qu’à nous
que le vingt et unième soit le plus riche possible... »
Pierre-Henri Xuéreb